Souvenirs d'Outre-Terre





 « Je mène une vie monotone. Je n'ai même pas l'occasion de me faire des ennemis. » p.  130  Mais pourtant dans ma vie,  il y a au moins deux ou trois personnes autour de moi qui refusent de me voir.   

Vrai comme je suis là!   

L'une d'elle me tourne le dos, à l'épicerie; l'autre va jusqu'à traverser la rue pour emprunter le trottoir opposé, si par hasard ou par malchance nous avons affaire à nous croiser.  Faute de quoi, elle baissera les yeux à mon passage.

Pour l'amour du Ciel, pourquoi, cette personne ne veut-elle ou ne peut-elle pas rencontrer mon regard?   La réponse serait-elle cachée telle un secret de dieu plus loin dans Mon horoscope ... ??? 

Admettons que je n'aie pas le talent pour écrire des romans;  dieu soit loué, j'aurais choisi ma propre personne pour personnage principal ...!  Tu te rends compte? Le saint enfer, mon ami!

Et j'aurais passé tout mon temps à me bercer d'illusion sur le balcon,  par les beaux soirs d'été indien, et cela jusqu'à ce que l'hiver soit venu? 

***  
Sauf que: « À cinq ans, il avait tenu la tête de sa petite sœur sous l'eau de la rivière Saint-Jean jusqu'à ce qu'elle ne se débatte plus. Juste pour vivre l'expérience de la mort. » p. 103.   Tu parles d'un méchant psychopathe, toi!
Mon ami Rob
Inutile de chercher où je veux en venir, cher Rob. Je devine très bien que tu me regardes avec suspicion. Que tu ne sais plus par quel angle mort me prendre pour arriver à saisir, ne serait-ce qu'un tout petit bout de réalité - bien réelle -  question de mériter que tu me prennes au sérieux.
Je les vois à travers ma vision périphérique  me scruter à la loupe en se demandant si le fait de  lire trop d'histoires à boire debout et à dormir assise (mais m'inspirent terriblement, soit dit en passant),  n'affecte pas mon pauvre ciboulot. Je sens leur inquiétude à mon égard. C'est bien simple, on s'étonne que je puisse lire autant de livres à la fois, pour tout dire autant de sujets différents.
Bof!

***



Cela dit, «Le Secret de Dieu»  m'amène dans un monde passé de mon existence, enfin celle que j'ai vécue il y a plus de 40 ans, alors que j'ai dû me réfugier à Ottawa pour cause de raisons très personnelles. À ce moment-là, j'habitais la rue Springfield située dans Rockcliffe Park.
«La voiture avait traversé la rivière Rideau vers l'est. Elle poussa sur Beechwood. Quentin supposa qu'ils allaient dans le quartier de Rockcliffe Park ou de New Édimbourg, équivalents de Westmount ou des Hamptons à Ottawa.» p. 150    De fait,  ma rue s'arrêtait juste à la rue Beechwood, les deux étant perpendiculaires l'une à l'autre.
Alors voilà que ma mémoire, qui a pris l'habitude de me lâcher à tout bout de champ, s'est remise en marche comme une vieille horloge grand-mère qu'on aurait remontée bruyamment,  dans le grenier poussiéreux de ma vie «monotone». 
Un premier souvenir m'apparaît comme dans un vieux film d'Hollywood. À cet endroit, au huitième de mon immeuble, ma colocataire louait une chambre à une jeune fille originaire de la Colombie britannique, et qui poursuivait des études à  l'université d'Ottawa à l'époque. 
Cette jeune fille s'appelait  Margaret Sinclair, et le sort faisait qu'elle avait de nombreux amis qu'elle recevait dans sa chambre. Sauf un qui,  lui, ne montait jamais à l'étage. Il préférait l'attendre devant l'entrée principale au volant de sa vieille Mercedes.
J'ignore si le nom de cet homme te dit quelque chose, mais il était déjà  à l'époque  un politicien  ou soit très controversé, ou soit très populaire dans le Canada.  Bref, difficile de l'oublier, son fils,  Justin, lui succède aujourd'hui depuis la dernière élection  générale au pays, il y a à peine deux semaines. 
Puis enfin un autre flash me prend par la main et m'amène ailleurs. Cette fois-ci, il s'agit de la Côte-de-Sable, « ancien quartier huppé en voie de rénovation» note l'auteur, là où habitait Quentin dans un appartement  situé au bord de la rivière Rideau. 

 
Le quartier Côte-de-Sable à Ottawa se situe au sud-est du centre-ville.  Il est délimité par la rue Rideau au nord, la rivière Rideau à l'est, le canal Rideau à l'ouest et la 417 au sud.  Le campus de l'Université d'Ottawa d'architecture magnifiquement maçonnique,  y occupe une portion non négligeable si bien que le quartier est considéré comme celui "des étudiants".   Un p'tit croquis avec ça?  
En outre,  la pire chose qui puisse m'arriver dans la saga de mes nombreux déménagements, c'est que je m'emmêle dans les rues de ce quartier dans lequel  j'ai tellement aimé  vivre pour  l'avoir marché en long et en large, et habité un superbe appart situé sur la rue Stewart. 

Puis,  un autre situé plus près de l'université sur la rue Wilbrod, dont j'avais peint en orange les murs du salon et en bleu marine, ceux de la chambre à coucher, et écoutant pendant des nuits entières les plus  belles chansons de Bob Dylan dont je portais fièrement la même coiffure que la sienne?  
Me semble avoir déjà raconté plus d'une fois ces réminiscences de ma vie « monotone » antérieure. Ah! mais qu'importe  puisque j'ai  archivé  dans ma mémoire vive les souvenirs qui ont aussi laissé des brûlures douloureuses et qui m'arrêtent ici.  Rassure-toi, mon ami, j'y reviendrai. Car j'ai bien l'intention de lire deux livres en même temps en commençant aux aurores rouges, s'il le faut.  

***
En terminant, dis-moi, selon toi, à qui profiterait la tragédie de l'Airbus russe qui est tombé samedi dernier  en grosses miettes dans le désert du Sinaï, en Égypte, si jamais cet accident n'en n'était pas un? 
Je ne fais pas trop confiance aux enquêtes toujours de plus en plus floues  qui ne répondent jamais à toutes les questions qui se posent.    Car bien sûr, n'étant pas trop impliquée dans le secret des dieux, n'est-il pas troublant qu'un avion rempli de Russes s'écrase à ce moment-ci, alors qu'on assiste en même temps à l'effort de leur président dans la résolution du conflit syrien, entre leur pays et l'armée de l'État islamique?  Mais cela ne serait ni le premier et ne sera sans doute ni le dernier à qui on destine un pareil sort.  Celui de se trouver,  par hasard,  sur le chemin d'une arme meurtrière.  
Hallucinant tout de même!   

***

Mon horoscope

« Comment oses-tu dégager une telle puissance magnétique, Taureau ? Par quelle impudence t’autorises-tu autant de charme ? Te rends-tu seulement compte des ravages que tu causes autour de toi ? De grâce, bride un peu ton charisme ! Laisse un peu souffler tes admirateurs affolés… Et, si tu ne parviens vraiment pas à cesser de séduire, si tu t’obstines à être irrésistible, montre-toi au moins un peu plus gentil et plus généreux. Partage ta richesse émotionnelle, et dispense tes bienfaits à tous vents.»   Rob Brezsny

P.S. Cher Rob

J'aimerais que tu saches que ce n'est pas pour me vanter,  mais lorsque j'habitais la rue Sprinfield à Ottawa,   j'ai pris le thé dans de petites tasses vertes indiennes en compagnie de la pensionnaire de ma colocataire.

J'ai aussi fumé de l'excellente herbe qu'avait rapportée du Maroc,  mademoiselle Sinclair. Enfin,  il nous arrivait même parfois de tout simplement  respirer l'odeur qui sortait par le bas de sa porte de  chambre.
 
Alors cela dit, est-il indiscret de connaître la quantité et/ou la qualité de l'herbe que tu as fumée, le soir que tu as écrit mon horoscope ...?

Sincèrement,
May
 

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